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Tunis, le 25 mai 2021
À propos du prélèvement nasopharyngé et des tests antigéniques à la recherche du SARS-Cov2
Le bureau de la STBC tient à rappeler qu’en vertu de l’article 2 de la loi n°2002-54 du 11 juin 2002, relative aux laboratoires d’analyses médicales, les analyses de biologie médicale humaine « ne peuvent être effectuées que sous la responsabilité d’un médecin biologiste ou pharmacien biologiste et dans un laboratoire d’analyses médicales humaines autorisé par l’administration ». Les prélèvements des échantillons biologiques doivent être réalisés par le biologiste ou sous sa responsabilité par une personne qualifiée selon l’article 18 de la même loi.
Le prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV2 est un acte biologique qui n’est pas dénué de risques pour le patient
Il s’agit d’un un geste invasif souvent anxiogène pour le patient et qui peut être la source de complications bénignes de type douleur ou saignement ou de complications graves, notamment des brèches de l’étage antérieur de la base du crâne associées à un risque de méningite [1-3].
D’autre part, des contre-indications et des précautions sont à prendre en considération chez les catégories de patients suivantes :
• Prise d’anticoagulant,
• Congestion nasale,
• Déviation nasale,
• Grossesse,
• Jeunes enfants,
• Purpura thrombocytopénique idiopathique [4,5]
Le communiqué de l’Académie nationale de médecine du 8 avril 2021 intitulé « Les prélèvements nasopharyngés ne sont pas sans risque » insiste sur le fait de réserver la pratique des prélèvements nasopharyngés aux professionnels de santé formés pour la réalisation de ce geste dans des conditions techniques rigoureuses [6].
Le prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV2 est un acte biologique qui n’est pas dénué de risques pour le préleveur
Les mesures requises de biosécurité doivent être mises en place pour les opérateurs. Les équipements de protection individuelle (EPI), les sacs pour déchets biologiques dangereux et une bonne ventilation sont essentiels [7]. L’exiguïté et l’absence d’aération des locaux peuvent entraîner un risque accru pour le préleveur lui-même et les autres patients par les aérosols générés par le prélèvement. Ceci impose un espace indépendant et suffisamment aéré répondant aux normes exigées par l’INEAS [8].
Le prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV2 est un acte biologique qui n’est pas dénué de risques pour l’environnement
Il est nécessaire de respecter les procédures d’élimination des déchets infectieux selon la filière correspondante exigée par l’INEAS [9] et fixées par les textes réglementaires (décret n°2008-2745 du 28 juillet 2008, fixant les conditions et modalités de gestion des déchets des activités sanitaires) et aux procédures de la gestion de ces déchets dangereux élaborées par l’ANGED (Agence Nationale de gestion de déchets) en 2014 [10].
Le prélèvement des échantillons est l’un des facteurs les plus décisifs pour la performance des TDR-Ag
La qualité du prélèvement nasopharyngé conditionne fortement la sensibilité des différents tests à la recherche du SARS-CoV2. Les consignes d’utilisation doivent être scrupuleusement suivies et tout le personnel chargé de prélever les échantillons doit avoir été formé aux méthodes correspondantes.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, tous les opérateurs intervenant dans le prélèvement nasopharyngé et l’utilisation des tests antigéniques rapides dans le cadre du dépistage du SARS-CoV2 doivent avoir bénéficié d’une formation sur le prélèvement des échantillons, les mesures applicables de biosécurité, la réalisation des tests, l’interprétation et la communication des résultats et la gestion des déchets. Des mesures de contrôle de la qualité doivent également être mises en place. Elle considère que parmi les situations dans lesquelles il est déconseillé d’utiliser les TDR-Ag du SARS-CoV-2, c’est en cas d’insuffisance des mesures de biosécurité et de lutte contre l’infection [7].
La STBC appelle à l’instauration d’un cadre réglementaire bien codifié qui définit toutes les exigences et recommandations précisées par les instances et les sociétés savantes nationales et internationales tenant compte de l’actualité scientifique relative au Sars-Cov2, prescrivant les mesures d'organisation et de fonctionnement du système de santé nécessaires pour faire face à l'épidémie de COVID-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
Pour le bureau de la STBC
La Présidente
Pr. Manel CHAABANE
Références
1. Föh B et al. Complications of nasal and pharyngeal swabs - a relevant challenge of the COVID-19 pandemic?EurRespir J 2020. dec 10; 2004004.
2.Alberola-Amores FJ et al. Meningitis due to cerebrospinal fluid leak after nasal swab testing for COVID-19, Eur J Neurol. 2021 jan21; 10.1111/ene.14736.
3.Sullivan CB et al. Cerebrospinal Fluid Leak After Nasal Swab Testing for Coronavirus Disease 2019. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg. 2020 dec1; 146(12):1179-1181.
4. JAMA Otolaryngology–Head & Neck Surgery Published online April 29, 2021
5.COVID-19 : avis favorable au prélèvement oropharyngé en cas de contre-indication au nasopharyngé. Communiqué de presse du 25 Septembre 2020 (HAS)
6. Avis de l’Académie nationale de médecine - « Covid-19 : quels prélèvements pour quels tests ? », 17 février 2021
7. WHO-2019-nCoV-Antigen_Detection-2020.1-fre.pdf
8. Recommandations pour la gestion des prélèvements biologiques en situation d’épidémie Coronavirus (INEAS)
9. Guide du parcours du patient suspect ou confirmé COVID-19, réponse rapide, version avril 2021 (INEAS)
10. Manuel cadre des procédures de gestion des déchets d’activités de soins dangereux et guide de bonnes pratiques de gestion des déchets d’activités sanitaires.